14 avril 2013

Titanic : une Aventure hors du Temps


- Pas de spoilers -

En ce dimanche 14 avril, je vous ai concocté un article sur un jeu vidéo qui a pas mal occupé mon adolescence et a contribué à nourrir l'une de mes passions : le Titanic. Il y a 101 ans aujourd'hui, un dimanche également, le paquebot mythique vivait ses dernières heures.
Quatre-vingt-quatre ans plus tard, en 1996, sortait un jeu PC qui allait connaître un succès relatif un an après, grâce à un certain James. C'est avec grand plaisir que je vous présente ce petit bijou oldie, Titanic : une Aventure hors du Temps.

Edité par Cyberflix, qui n'existe plus aujourd'hui, ce point'n'click (jeu d'exploration et de quête d'objets) n'avait pas pour but de surfer sur le succès phénoménal du film puisqu'il a été produit en même temps.
En effet, on ne suit pas de grande histoire d'amour puisque le prétexte du jeu est avant tout une enquête sur fond de géopolitique. Palpitant, me direz-vous. Si j'ajoute le voyage dans le temps et la réflexion philosophique sur la seconde chance, ça passe mieux ? Oui, hein.

Laissez-moi vous raconter le début de l'histoire : nous commençons le jeu dans une chambre lugubre à Londres, le 14 avril 1942.
Une radio passe en boucle les dernières nouvelles de la guerre entrecoupées d'un morceau de Chopin, lourd et entêtant. La vue est à la première personne et on en apprend un peu plus sur notre identité en explorant la chambre. Nous sommes Franck Carlson, un ancien agent secret, remercié il y a 30 ans à la suite de l'échec d'une mission visant à empêcher la Première Guerre Mondiale.
Le lieu de cette mission ? Je vous le donne en mille : une maquette du Titanic trône sur la cheminée pour nous l'apprendre. Dans la chambre, on trouve une montre gousset cassée, arrêtée sur 2h20, l'heure du naufrage.
Soudain, une sirène retentit et une bombe fait exploser la fenêtre, nous plongeant dans le noir. Voici ce qui suit :



Cette intro, bien qu'un peu kitsch vue avec nos yeux d'aujourd'hui, donne le ton du jeu : sombre, feutré, sobre et très musical.

On se retrouve donc dans notre cabine à bord du Titanic le 14 avril 1912 au soir, quelques heures avant la collision avec l'iceberg, sans savoir s'il s'agit là d'un rêve, du dernier fantasme d'un homme qu'une bombe vient de tuer ou d'une véritable seconde chance.
Le steward Smethells, plutôt antipathique au premier abord, nous sert un rapide tutoriel avant de nous lâcher dans le paquebot, à la recherche de notre collègue des services secrets.
S'en suivent pendant environ 5 heures de jeu des missions et énigmes variées : réparation d'une machine au coeur du paquebot, envoi d'un message en morse, quête d'objets et informations divers... En gros, notre objectif principal est de contrecarrer les plans d'un colonel allemand se trouvant à bord mais les missions peuvent aussi mettre en jeu les relations entre des personnages ou carrément l'avenir du bateau. On remarquera les quelques clins d’oeil au destin du Titanic et à ses passagers, nous rappelant sans cesse ce qui nous attend.

L'exploration est réellement le point fort du jeu : une grande partie du paquebot a été recréée et on peut se promener à notre convenance presque partout, des ponts de promenade aux cabines en passant par le fumoir, les bains turcs et bien d'autres lieux plus ou moins célèbres. Les graphismes rendent très bien et on en prend plein les yeux. Jugez plutôt ces images qui sont bien des captures du jeu et pas des photos de promotion : 




L'aspect technique est donc plutôt convaincant, même si certaines lenteurs et saccades se font ressentir en cas d'action un peu trop rapide. Autre point négatif, les magnifiques décors restent quasi-inhabités, que ce soit lors de l'enquête ou du naufrage. Le moteur du jeu ne permettait pas d'animer beaucoup de personnages en même temps, ce qui nous offre par exemple un effectif de 10 personnes parfaitement immobiles sur le pont lors de l'attente paniquée des canots.

Y'a quelqu'un ??

Les personnages, quant à eux, sont faits à partir de prises de vues animées d'acteurs réels. Vieillot mais efficace ! Malgré une grande rigidité dans l'animation, cela leur confère un charme et une identité qui collent finalement bien au jeu. 
Les dialogues à choix multiples comportent certaines redondances mais sont assez faciles à manier lorsqu'il s'agit d'enchaîner les bonnes répliques pour arriver à ses fins avec un personnage. Leur caractère, bien que très manichéen et parfois absurde, est toujours mystérieux. On a rapidement tendance à se méfier de tout le monde... et ça ajoute à l'ambiance si particulière de cette soirée spéciale.


La bande sonore joue un rôle prépondérant dans cette ambiance. Les effets sont réduits au strict minimum mais les bruitages d'ambiance sont parfois clairement mis en boucle (notamment la cohue sur le pont lors du naufrage). Le doublage français est assez réussi.
La musique, pour sa part, est très bonne. On entend au fil du jeu, selon l'endroit et le moment de l'histoire, des morceaux classiques toujours très bien composés, prodiguant une atmosphère posée mais oppressante. Le classique laisse la place à une vraie bande originale plus "tendue" à partir du moment où le bateau heurte l'iceberg... s'il le heurte.

Car ses fins alternatives apportent à Titanic : une aventure hors du temps un intérêt supplémentaire. Tout le jeu est très calme mais, en contrepartie, l'intrigue est loin d'être linéaire. En effet, on a la possibilité d'éviter le naufrage du Titanic et/ou les deux guerres mondiales, de faire exploser le paquebot, de sauver certains personnages ou pas, de mourir ou de vivre, en 1912 ou en 1942... Une cinématique finale nous expose ce que nos actes ont entraînés. Pléthore de possibilités assez déstabilisantes quand il s'agit d'évènements basés sur des faits réels...


Je ne saurais pas vous dire combien de fins sont possibles car je n'ai pas pu creuser ce jeu autant que je l'aurais voulu. Plus j'avançais dans les versions de Windows, plus le jeu buguait, pour finir par ne plus passer du tout sous Windows 7.

Comment y jouer alors ? Une réédition est très peu probable puisque l'éditeur Cyberflix a fait faillite il y a 15 ans. Par conséquent indisponible, le jeu est passé du côté des "abandonware" (licence abandonnée). Aucune loi n'encadre la diffusion de ces jeux vidéo désormais inexploités par leur éditeur et le partage gratuit de ces derniers est donc toléré : vous pouvez le trouver en téléchargement PC / Mac si le coeur vous en dit.

Pour conclure, bien que je sois à la base une passionnée du Titanic, ce jeu m'a apporté une expérience prenante outre son contexte, grâce à son intrigue bien ficelée et son atmosphère d'un autre temps.

Je vous quitte donc avec cet extrait de la musique du jeu, en vous souhaitant une belle soirée.



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