28 novembre 2013

Vers l'infini et... Gravity


- Pas de spoilers -

Annoncé comme "le film qui offre le maximum de ce que le cinéma peut offrir", Gravity m'a fait de l’œil dès la première bande annonce. Alors je me suis assise religieusement dans la salle de cinéma le jour de sa sortie. Pourtant, je n'écris ce billet que maintenant, soit un mois plus tard. Parce que j'étais encore en train de le digérer, à vrai dire.


Comme tous les films un peu conceptuels, il est relativement court et ne dure "que" 1h30. 
Pour nous plonger direct dedans, quelques lignes nous rappellent les dangers de l'espace. Elles ne sont d'ailleurs pas sans rappeler l'accroche d'Alien : "Dans l'espace, personne ne vous entendra crier". Les notes de musique en boucle qui se finissent en un appel d'air assourdissant nous font sursauter. Là, on sait que si quelque chose va de travers, ils vont en baver. On sait aussi que quelque chose va aller de travers, forcément.

Mais passé cette intro, ce qui frappe dans Gravity, dès la première seconde, c'est sa grâce et la beauté des images. Et pourtant, on en a vu, des photos de l'espace et des films sur le sujet. Là, c'est pas genre "ouais, c'est chouette...", c'est plutôt genre bouche ouverte. Vraiment à couper le souffle.

En prenant mes billets pour la séance, j'ai pesté en voyant que le film était exclusivement diffusé en 3D. Je pense maintenant que c'est clairement indispensable, du moins pour un premier visionnage. Car oui, on peut facilement deviner qu'un huis-clos dans l'espace avec deux acteurs mise toutes ses billes dans l'immersion. Pourtant, à part un objet qui sort de l'écran, rien n'est outrageusement "fait pour la 3D". J'ai retiré mes lunettes plusieurs fois pour être sûre que l'effet était bien là tellement c'est bien fait et invisible. Cette 3D là ne se voit pas, elle se ressent littéralement. 

La réalisation est à la hauteur de la qualité des plans puisqu'on vit tout le film du point de vue de Ryan Stone (Sandra Bullock), sans s'ennuyer une seule minute. Mouvements de caméra, choix artistiques, montage... Vraiment, je n'ai rien à dire de plus tellement j'ai aimé. 


Venons-en au point qui divise quand on parle de Gravity : son scénario. Certains parlent de vide intersidéral, d'autres se prosternent. Je suis dans l'équipe n°2. 
C'est simpliste mais ce n'est pas une tare. Malgré tout, ça raconte une histoire, avec des rebondissements et une magnifique évolution des personnages. Je ne peux pas en dire plus parce que j'ai promis de ne pas spoiler, parce que non, tout le monde n'a pas forcément vu Gravity. Et si je m'étais autorisée à spoiler, je vous aurais commenté tout le film tellement j'aime tous ses détails. L'évidence du scénario ne m'a frappée qu'à la fin et pour moi, ça c'est une réussite. Il y a une histoire et un fond, c'est juste suffisamment terre-à-terre pour ne pas en faire des caisses et le génie est là. C'est une histoire ordinaire dans un contexte extraordinaire.

Si vous avez vu les très différents mais excellents Solaris, Sunshine et Moon (trois grosses claques pour ma part), vous savez que l'espace est le décor idéal pour de superbes films en huis-clos cotonneux. A la différence de ces trois-là, Gravity ne vire à aucun moment dans le fantastique ou l'anticipation et il réussit à en faire une force.

Comme à mon habitude, je finirai en parlant de la musique. Sachant qu'on n'entend aucun bruit dans l'espace, tous les éventuels bruitages ont été comblés par la bande originale. Pour commencer, le thème des scènes d'action réussit le challenge d'être mélodique tout en rappelant un bruit de machine, de ferraille qui s'entrechoque ou qui grince. Mais ce qui m'a vraiment scotchée, c'est la force d'un morceau qui délivre toute sa puissance à la fin : "Shenzou". Ne l'écoutez pas si vous n'avez pas vu le film, il vaut la peine d'être découvert sur les images qui vont avec. Pourtant, comme tout dans Gravity, il paraît peu novateur. Ça ne l'empêche pas d'être magistral.

Quand je lis des avis chirurgicaux sur des films ou de la musique, je m'arrache les cheveux. Je me demande si ces gens ont un coeur, s'ils lancent parfois un film ou un album pour le plaisir ou pour l'analyser et le juger selon des critères prédéfinis.
J'ai beau aimer les films alambiqués, ce qui importe pour moi au cinéma ou dans la musique, ce n'est pas la prouesse, la difficulté, la réflexion, non. Je suis impassible quand j'entends du Jimi Hendrix, même si je reconnais sa maîtrise de la guitare. Parce que toucher les gens, ce n'est pas une question de technique, justement. Les accords ont été mille fois utilisés ? Je m'en fous. Ce dialogue est du grand déjà-vu de film hollywoodien ? Je m'en tamponne les paupières. Si je trouve ça beau, si ça me touche, c'est gagné.
Gravity m'a couchée par-terre.

Aucun commentaire: