23 avril 2014

Le "Lushgate", ce scandale qui n'en est pas un


Voilà une dizaine de jours, France 5 à diffusé un documentaire très intéressant sur le contenu des gels douche. Au fil de ce reportage, on apprend (même si on s'en doutait un poooiil) que ces jolies bouteilles sont souvent remplies d'ingrédients chimiques, agressifs et allergisants.
Si vous avez 50 minutes devant vous et que vous aimez en savoir un peu plus sur ce que vous consommez - sans être parano -, je vous conseille vivement de regarder ce documentaire dans son intégralité, c'est souvent étonnant.
Mon propos aujourd'hui touche l'une des marques abordées par la journaliste : Lush.


Lush, je vous criais mon amour pour eux il y a encore un an. Avec le recul, j'en suis un peu revenue, pour plusieurs raisons qui touchent tant aux produits qu'au service en boutique :

  • Raz-de-marée, un gommage "doux" pour le visage, dixit une vendeuse, qui s'est avéré être au citron et au sel marin (très doux, n'est-ce pas) et que j'ai rincé en urgence avant de voir fondre mon visage...
  • Baume sweet baume, un baume capillaire contre les pellicules qui laisse les cheveux gras et avec encore plus de pellicules, dues aux 3 shampoings consécutifs nécessaires à son rinçage...
  • L'impossibilité d'échanger en boutique une crème Imperialis qui avait violemment tourné au bout de 3 mois et qui sentait comme des pieds après une dure journée...
  • La présence de sulfates dans la plupart des shampoings, qui m'a valu un cuir chevelu constamment irrité juste après le lavage (gratouillis, pellicules, etc.).

A côté de ça, j'achète toujours du Lush parce que certains de leurs produits me sont devenus indispensables. Seulement, j'ai de plus en plus de mal avec leur greenwashing, justement mis en avant dans le reportage de France 5.
Le greenwashing, pour ceux qui l'ignorent, c'est le fait de jouer sur la vague bio et écolo, en usant de mots et couleurs qui peuvent induire le consommateur novice en erreur. Les packagings épurés à dominante verte, les mentions "à l'extrait naturel de...", tout ça, c'est du greenwashing. Lush vend du "frais", "fait main", "non testé sur les animaux" que beaucoup traduisent à tort par "naturel" voire "bio", comme le fait d'ailleurs une jeune cliente interviewée par France 5. Or, les produits Lush ne sont pas 100% naturels et sont loin d'être bio.


J'en viens donc au reportage et à la courte interview de deux responsables de la marque. La journaliste, qui à ce stade nous a déjà présenté parabènes, sulfates et autres allergènes, interroge une première employée, Camille Pélissier. Cette "responsable", j'ai eu envie de la gifler. Parce qu'elle surjoue comme pas possible en présentant les produits et surtout parce qu'elle montre sans aucune tenue que les questions l'embarrassent. Morceaux choisis :

Journaliste : "Nos cosmétiques sont 100% frais et fruités", qu'est-ce qui est 100% frais ?
Responsable : Tous les produits qu'on trouve en boutique sont frais... vu que les ingrédients qui sont à l'intérieur sont frais ! ("c'est évident, t'es stupide ou quoi ?").

J : ...100% ?
R : (soupire bruyamment, détourne les yeux, s'agace) 100%, oui... Pourquoi... pourquoi pas ? (rit nerveusement)

J : (lit la composition d'un gel douche) Propylène glycol, c'est pas un produit frais...
R : (des flingues dans les yeux) ... Non...

J : Parahydroxybenzoate de méthyle... c'est quoi ça ?
R : Alors là ça va être une question technique... C'est euh très très intéressant, c'est vraiment une question technique... sur laquelle je n'ai pas la réponse.
(T'aurais pu le dire en moins de 2 secondes, mais passons !).

Et mon passage préféré :
J : Ce gel douche, en quoi il est différent d'un gel douche du commerce traditionnel ?
R : (soupire, a clairement envie de mourir sur place) Alors celui-ci, il est euh... Voilà, les ingrédi... comment dire... ce sont euh... (soupire très fort, détourne le regard)

L'anti-professionnalisme de cette femme me rend dingue.
Pour commencer, elle est incapable de répondre à la question la plus importante pour toute entreprise, celle qui permet de se vendre : "Qu'est-ce qui vous différencie des autres ?". Bon, ça peut arriver (même si pour une responsable image, je trouve ça limite). Ce qui me gêne vraiment c'est que, comme beaucoup de gens incompétents, elle essaie quand même de répondre, sans se tenir, en perdant toute crédibilité. Et voyant qu'elle ne s'en sort pas, se met rapidement sur la défensive.

Je me demande si cette Camille s'est pris un gros savon.
Car oui, si je n'avais pas connu la marque en voyant ce documentaire, je penserais moi aussi que ce sont des profiteurs et des arnaqueurs.

Mais à leur décharge, et ça ce n'est pas très clair dans le reportage, Lush n'a jamais prétendu vendre du "100% naturel". Reste qu'ils utilisent énormément moins de merdouilles que des marques de grande surface. Ils proposent quelque chose de moins chimique mais ont choisi le parti pris d'une communication peut-être trop basée sur le fun et le "produit frais", ce qui peut induire en erreur en arrangeant bien leurs affaires.
Car évidemment, le reportage a déclenché une vague de déception et de colère à l'égard de Lush sur internet. Ce à quoi Lush a répondu en consacrant une page entière de leur site à des explications, dont voici un extrait :


"Les parabens ont été supposés nocifs à un moment donné :
ce qui a fait un buzz terrible et a déclenché immédiatement la sortie de nouveaux produits "sans parabens",
qui en réalité signifie l'utilisation d’autres conservateurs tels le methylchloisothiazolinone ou le methylliosothiazolinone
(que nous n’utilisons pas). 

Quelques années après, l'étude initiale a été reconnue invalide 
parce que la méthodologie comprenait certains défauts, notamment le fait que les doses étaient 
plusieurs milliers de fois supérieures aux seuils légaux.
Quand l'étude a été dénoncée, nous n'avons pas eu droit au même tapage médiatique, 
c'est d'ailleurs plutôt passé sous silence, l'industrie du "sans parabens" étant déjà lancée."


C'est vrai. Comme la mode du "sans silicone" qui permet aux fabricants d'introduire des ingrédients aux mêmes fonctions mais à effet secondaires certainement tout aussi discutables, le "sans parabène" rassure la plupart d'entre nous mais sachez que ça ne garantit pas l'absence de remplaçants à ces parabènes, pas encore passés au crible.

Finalement, est-ce une bonne chose que Lush ait enfin été montrée comme une marque "lambda" ?
Je pense que oui, parce que ça clarifie les choses et évitera à d'autres de se faire avoir par le greenwashing. Que ce soit par Lush ou par d'autres marques qui ont bâti leur succès là-dessus, avec des produits pourtant beaucoup moins naturels que ceux de Lush (Monsieur Yves Gros Caillou est demandé à l'accueil...).
Et en même temps, je pense que non. Parce que Lush, même s'ils ont bien profité des amalgames, n'ont jamais prétendu vendre du 100% naturel. Et parce que, comme souvent, un "scandale" fait basculer l'opinion d'un côté de la barrière et il devient impossible ensuite de communiquer les demi-mesures. Combien de gens ne mangent plus de plats surgelés depuis les lasagnes au cheval ? Autant qui cracheront sur Lush parce qu'un reportage a montré qu'ils utilisaient des parabènes, ces mêmes parabènes qu'on leur a présenté comme nocifs depuis des années, et ce même si l'étude a été démentie depuis. C'est très bête, mais c'est humain.

Je ne suis plus une inconditionnelle de Lush. Je ne conseille plus leurs produits à tout va. 
Mais je suis toujours une Lush-addict (dit-elle avec son masque Jasmine Hair'oïne sur le crâne), parce qu'elle reste une sacrée bonne marque, qui fabrique énormément de produits efficaces et parce que leurs vraies garanties, celles sur lesquelles ils communiquent réellement (produits frais, à base de fruits et légumes, non testés sur les animaux), ils les tiennent. Et c'est tout ce que je demande !



Photo d'intro : ©EmyMonday - Flickr
Autres : ©Lush

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