- Attention, spoilers ! -
Quand tu suis un réalisateur de près, il y a toujours un de ses films qui te déçoit si subitement que tu te refuses à l'intégrer dans sa filmographie : Luhrmann a commis Australia, Burton a commis Dark Shadows, Shyamalan a commis La jeune fille de l'eau, Tarantino a commis Boulevard de la mort, Niccol a commis Les Âmes Vagabondes (je me suis retenue d'ajouter un "mais quelle daube !" après chacun des films précités)... C'est comme ça. Mais je pensais que Nolan échapperait à la règle.
Interstellar, je l'attendais en trépignant. Parce que j'aime
La recette de Cricri, elle marche à fond sur moi et c'était toujours la même depuis des années = de l'action + des acteurs géniaux + un contexte fascinant (l'amnésie, la vie de héros masqué, l'insomnie, le monde de la magie, les rêves...) propre aux évènements inattendus et aux révélations désarmantes.
Plus on avance dans la filmographie, plus ses films deviennent alambiqués et denses mais également structurés, au point qu'on peut presque assimiler son cinéma à une formule mathématique (fort heureusement, avec certaines inconnues). Tout comme un élève qui aurait du mal à développer ses résolutions d'équation pour gagner du temps, Nolan a commencé dans The Dark Knight Rises à sauter certaines étapes indispensables à une compréhension fluide et agréable. C'est précisément le plus gros défaut d'Interstellar.
Comme à son habitude, Nolan part d'un contexte réaliste pour ensuite partir dans des méandres psychologiques riches de symboles, qu'il est parfois nécessaire d'expliquer avec des dialogues quand l'image ne suffit pas. Interstellar est un film d'action malgré tout et il s'y passe beaucoup de choses, seulement j'ai trouvé que ça allait parfois un peu trop vite pour moi. Parce que j'étais déconcentrée par autre chose quand la ligne de dialogue passait, parce qu'un élément important était en arrière-plan ou parce que les échanges défilaient plus vite que je n'en comprenais le propos. Rappelons que l'on parle de phénomènes scientifiques et/ou imaginaires peu familiers.
Comme à son habitude, Nolan part d'un contexte réaliste pour ensuite partir dans des méandres psychologiques riches de symboles, qu'il est parfois nécessaire d'expliquer avec des dialogues quand l'image ne suffit pas. Interstellar est un film d'action malgré tout et il s'y passe beaucoup de choses, seulement j'ai trouvé que ça allait parfois un peu trop vite pour moi. Parce que j'étais déconcentrée par autre chose quand la ligne de dialogue passait, parce qu'un élément important était en arrière-plan ou parce que les échanges défilaient plus vite que je n'en comprenais le propos. Rappelons que l'on parle de phénomènes scientifiques et/ou imaginaires peu familiers.
Si c'était seulement trop rapide pour mon cerveau, je me serais dit que j'avais peut-être perdu quelques cellules grises. Pourtant, à côté de ça, on enfonce des portes ouvertes : je pense notamment à la scène "de la bibliothèque", qui aurait pu être une monumentale baffe dans la tronche si Matthew McConaughey ne disait pas 5 fois que oui, en fait c'était lui qui envoyait des messages codés à sa fille depuis un autre espace-temps, et c'est très beau et émouvant parce que tu comprends, l'Amour est la seule chose qui puisse traverser les différentes dimensions, et bla et bla... et BLA.
On avait compris en voyant les images, une seule ligne de dialogue aurait suffi. Heureusement, c'est un dialogue : on nous épargne l'éternel personnage qui se parle très naturellement à lui-même pour transmettre l'info au spectateur...
Et encore, je dis "une seule ligne de dialogue aurait suffi", alors que dans beaucoup des films de Nolan, le coup de poing final est donné avec un morceau de Hans Zimmer sous héroïne mais sans nul besoin de mot.
Parsemées ça et là, des déceptions : Jessica Chastain - j'ai du mal avec elle, le rôle creux de Michael Caine, les images de l'espace qui ne cassent pas trois pattes à un canard et qui ne donnent pas plus le vertige que ça - fallait pouvoir passer après Gravity, l'équipage de la navette qui n'a pas grand intérêt hormis les deux personnages principaux...
Je suis sortie déçue de la salle.
Sauf que c'est la critique d'un film de Christopher Nolan donc... voici le twist.
J'ai terriblement envie de revoir Interstellar, parce que j'en attendais visiblement quelque chose de différent et que ça m'a pourri le film.
On avait compris en voyant les images, une seule ligne de dialogue aurait suffi. Heureusement, c'est un dialogue : on nous épargne l'éternel personnage qui se parle très naturellement à lui-même pour transmettre l'info au spectateur...
Et encore, je dis "une seule ligne de dialogue aurait suffi", alors que dans beaucoup des films de Nolan, le coup de poing final est donné avec un morceau de Hans Zimmer sous héroïne mais sans nul besoin de mot.
Parsemées ça et là, des déceptions : Jessica Chastain - j'ai du mal avec elle, le rôle creux de Michael Caine, les images de l'espace qui ne cassent pas trois pattes à un canard et qui ne donnent pas plus le vertige que ça - fallait pouvoir passer après Gravity, l'équipage de la navette qui n'a pas grand intérêt hormis les deux personnages principaux...
Je suis sortie déçue de la salle.
Sauf que c'est la critique d'un film de Christopher Nolan donc... voici le twist.
Après avoir écumé la toile pour en avoir encore un peu avant de le voir à nouveau, je suis tombée sur une infographie retraçant le cheminement des personnages dans le film, qui m'a aidée à comprendre ce à côté de quoi j'étais passée (cliquez pour agrandir) :
Simple, non ? |
C'est dommage, c'est ce que je reproche à Nolan depuis peu : se triturer la ratatouille en sortant de la salle pour débattre avec des gens et ajouter encore davantage de crédit au film ? OUI (coucou Inception).
Se triturer la ratatouille en sortant de la salle pour comprendre les évènements principaux du film... Non !
Je compare Interstellar à Inception parce que leurs personnages cheminent sur des plans différents, on joue avec l'espace et le temps. Sauf que dans Inception, on n'est pas paumé une seconde et il reste l'un des meilleurs Nolan à mon sens.
Tout ça pour dire que sous la lumière de cette infographie, Interstellar me paraît finalement moins fouillis que recherché.
En y repensant, je dirais même que c'est son film le plus simple et il se résume au monologue d'Anne Hathaway : l'Amour est la seule chose à pouvoir traverser l'espace et le temps.
Tu sais, ce monologue qui te fait rire jaune et lever les yeux au ciel. Avec le recul, c'est l'une des plus belles choses que j'ai vues au cinéma. Parce que oui, l'amour est le sentiment le plus universel, celui auquel tout le monde aspire, celui dont on parle le plus dans l'Art, y compris dans Interstellar... (mise en abîme, "inception", tout ça).
Pour finir, j'avais un goût tellement amer en sortant que j'en avais presque oublié la bande originale à peine le pied dehors. Alors que.
Purée, j'ignore si le fait qu'il ait bossé sans voir une seule image du film y est pour quelque chose mais Hans Zimmer nous sort enfin une oeuvre qui change un peu. J'ai même ressenti un peu de James Newton Howard, avec qui Zimmer avait habillé les Dark Knight. C'est grandiloquent mais basique, feutré mais métallique, bourrin mais religieux... Imparfait mais parfait. Le meilleur morceau de la BO, absent de l'album (?), est pour beaucoup No time for caution, que je vous mets juste ici parce que je suis gentille :
Tout ça pour dire que sous la lumière de cette infographie, Interstellar me paraît finalement moins fouillis que recherché.
En y repensant, je dirais même que c'est son film le plus simple et il se résume au monologue d'Anne Hathaway : l'Amour est la seule chose à pouvoir traverser l'espace et le temps.
Tu sais, ce monologue qui te fait rire jaune et lever les yeux au ciel. Avec le recul, c'est l'une des plus belles choses que j'ai vues au cinéma. Parce que oui, l'amour est le sentiment le plus universel, celui auquel tout le monde aspire, celui dont on parle le plus dans l'Art, y compris dans Interstellar... (mise en abîme, "inception", tout ça).
Pour finir, j'avais un goût tellement amer en sortant que j'en avais presque oublié la bande originale à peine le pied dehors. Alors que.
Purée, j'ignore si le fait qu'il ait bossé sans voir une seule image du film y est pour quelque chose mais Hans Zimmer nous sort enfin une oeuvre qui change un peu. J'ai même ressenti un peu de James Newton Howard, avec qui Zimmer avait habillé les Dark Knight. C'est grandiloquent mais basique, feutré mais métallique, bourrin mais religieux... Imparfait mais parfait. Le meilleur morceau de la BO, absent de l'album (?), est pour beaucoup No time for caution, que je vous mets juste ici parce que je suis gentille :
Comme Time dans Inception, comme Rise dans The Dark Knight Rises, No time for caution semble être dans Interstellar le "morceau qui pète tout sur son passage avant le générique de fin". Sauf que Cricri nous joue encore un tour, puisque même si la scène qu'il accompagne est palpitante, ce n'est pas celle qui "révèle" le film. Celle-là est accompagnée d'un morceau aussi joli mais plus posé. De la musique posée sur la scène-clé d'un film, oui, mesdames et messieurs.
C'est en partie pour ça que j'ai envie de revoir Interstellar... et de voir tous les prochains films de Christopher Nolan, dont la nouvelle recette m'a joliment désorientée.
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